mercredi 6 juillet 2011

Compte Rendu marathon de Rome 20 mars 2011

VENI VIDI VICI


Je vais essayer de me remémorer un peu tout ça et d'en faire un compte-rendu.

Samedi, décollage de Charleroi à 7h avec mon ami et "coach" Frankie.
Arrivée à Rome 8h45, ciel bleu, soleil et 15°, la première chose qu'on se dit c'est qu'il ne fera pas froid sur la ligne de départ...

Je ne vous fais pas le détail du samedi : hôtel, dossard marathon village, et dernier souper (poulet salade et pâtes), journée sous le signe du malto pour moi...Hôtel sympa super bien situé juste à côté du métro qui est gratuit pour les participants. Le seul gros hic, c'est que la chambre donne sur la voie ferrée juste derrière la gare..Merci le bruit... La prochaine fois je regarderai à deux fois...le bruit plus le stress...ce qui veut dire que je m'endors à 3h00 du mat et que le réveil sonne à 6h00..

Dimanche, 6h00 donc.

Pas beaucoup dormi mais le bonheur d'être là me fait oublier la fatigue. Petit déjeuner au "gatosport" et boisson d'attente préparée... Nous voilà en route pour le plus long jogging de ma vie... Dans le métro c'est une marée de sac bleu Maratona di Roma, c'est le seul sac autorisé sur le départ et dans les box.

Dimanche, 8h00.
Direction le départ avec mon dossard 10091 et je me dirige dans le dernier box. Frankie m'accompagne, je le savais mais bon vu son dossard 682 on se demande si il ne se trompe pas de box...

Et c'est parti pour 45 minutes d'attente dans une foule de 17 000 participants. Nous sommes derrière le ballon des 5h00 et derrière nous il n'y a plus grand monde... Le Colisée se dresse à nos côtés c'est tout simplement magnifique, quel chance de connaître tout ça...

Mes pulsations oscillent entre 100 et 110... oups c'est quoi ce truc ? Frankie me regarde et me dit : "coupe ton cardio, le premier on va le faire aux sensations !". OK je l'écoute et finalement le but c'est de se faire plaisir et pas de se stresser avec tous les paramètres de ma montre ;-)

Dimanche, 9h00, c'est le départ !
On marche on marche il y a une ambiance de malade à chaque départ le speaker fait monter pression et tout le monde crie et applaudit, j'ai la chair de poule...

Dimanche, 9h09, je passe la ligne de départ...

On décide de ne pas trop dépasser, on est pas la pour le chrono, le but c'est de finir...On se colle à droite et on évite la masse... Frankie même le train avec son copain "Garmin", on se donne 5 minutes 20 à 5 minutes 30 au 1000 comme allure de course. A cette vitesse je suis vraiment bien et je retrouve mes sensations d'entrainement. Ce qui est extraordinaire c'est que tous les petits "bobos psychologiques" - à mon avis - des dernières semaines ne sont plus que mauvais souvenirs, les jambes sont là...


5ème kilomètre.
Je prends mon premier Gel, et je chope une bouteille d'eau qui ne me quittera plus jusqu'à la fin.

7ème kilomètre.
Premier stress. Drôle de sensations comme si j'étais cuît alors que nous avons gardé l'allure sans faire les fous. Le doute m'envahit, la mauvaise nuit, la fatigue, je vais jamais y arriver...et par miracle (j'en rigole encore) un petit rototo viens tout remettre en place, la digestion du premier gel avec le stress surement...
C'est reparti, on dépasse, on dépasse, on dépasse sans trop forcer et en gardant le tempo, je suis bien et j'essaie de profiter du paysage, je suis à Rome quand même !

13ème kilomètre.
On dépasse le groupe des 4H, un vrai troupeau difficile à dépasser, on doit quand même accélérer car il sont nombreux...

15ème kilomètre.
Une grosse leçon de vie dans la tête avec ce gars aveugle qui court guidé pas deux amis...on le dépasse en lui disant bravo et une petite tape dans le dos...

17ème kilomètre. La place Saint-Pierre !
C'est une longue ligne droite en pavé avec des milliers de personnes. J'ai un coup de stress et ça ne va pas, je l'explique toujours pas mais du 17 au 18 mes jambes sont bien mais mon moral me lâche ..Frankie me recadre un peu et je reprends mes esprits,

SEMI.
Je passe au semi super bien et confiant, je ne sais pas en combien de temps car je me force à ne pas regarder le chrono. Je fais ça depuis le début et finalement c'est pas plus mal, une pression en moins, de toute facon Frankie de va pas me brûler et quand j'attrape des ailes il me les coupe tout de suite ;-)
Du semi au 27 km c'est pas trop top comme parcours on est sur l'autoroute, moi je suis bien et j'arrive à faire le con devant les caméras du 25ème.

28ème kilomètre.
Petit coup de mou : les jambes commencent à se manifester. Je prends des éponges et je me masse les muscles, ca me fait un bien fou et je suis reparti !

30ème kilomètre.
Les maçons Romain ont surement oublié de construire le mur, car je ne le rencontre pas...Je continue avec mes gels mais je prends aussi des biscuits et des bananes au ravito, j'ai faim

36ème kilomètre.
Les petits malins, c'est ici qu'ils ont œuvré : un superbe mur en pavé romain. Frankie m'encourage et mon genou et sa tendinite viennent me saluer. J'ai mal mais je cours, ils n'y a que des montées et des pavés. Je reste concentré car il n'y a rien de régulier sous mes pieds. C'est l'hécatombe et j'ai l'impression que tout le monde marche, hors de question pour moi de faire de même... j'arrête pas de me plaindre mais j'avance ;-)

38ème kilomètre.
Je dépasse une femme handicapée qui avance avec ses béquilles et son grand sourire, la je me dis qu'il est vraiment temps que je me dépasse et que pour elle je me dois d'aller au bout.

39ème kilomètre.
Je m'en souviens plus, je sais juste que ça monte et qu'il y a des pavés, j'arrive quand même à apercevoir la fontaine de Trévi dans toute cette foule..

40ème kilomètre.
Il y a là un gars allongé avec le masque à oxygène, une ambulance qui vient à contre sens. Je ne comprends plus trop ou je suis ..mais je cours, je cours, je cours toujours...

41ème kilomètre.
Je vois ce petit drapeau "ULTIMO KM" que j'avais repéré la veille en me disant, j'aimerais être là...

Derniers mille mètres... Magiques !
Le corps humain est incroyable, j'ai mal aux jambes, ma tendinite me donne des coups de couteau à chaque pas et lorsque la ligne droite est devant moi, la tête se relève, les jambes ne font plus mal et on accélère...

Je regarde pour la première fois le chrono ...je "sprinte" (c'est un grand mot), je ne sais pas si je pleure, je ne vois plus personnes. Dans ma tête j'ai, en 2 secondes, refais le film de mon année de régime et de ces 7 mois de courses à pied, de combat et de sacrifice. les 1200 kilomètres d'entrainement dans le froid et la pluie, mes 28 kg perdus, ma vie à changé, bordel, et je passe la ligne en 3h56 ! Voilà c'est fait ! Je suis en pleurs comme un gamin. Je n'arrive pas à m'en remettre, toute la pression s'évacue. Il y a un coureur romain qui me regarde pleurer et il me prend dans ses bras..Ca fait du bien d'être là... Je prends ma médaille et je marche en boitant.


Je vais m'assoir et je me dis que je ne ferai plus jamais çà...Qu'il faut être fou....1 heure après on programmait déjà le prochain marathon...Comme quoi je crois que je suis mordu par cette "connerie" de course à pied...Quand je vois, humainement parlant, ce que cela apporte il faudrait être con de se priver de courir...

Je vais faire 3 semaines de repos complet et soigner mon genou. Je veux continuer donc il faut repartir sur une base saine.

1 commentaire:

  1. très beau récit de ton marathon, rien que de le lire, j'avais l'impression de ressentir tes angoisses, tes doutes, et ta joie...
    félicitations

    jack

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